Le terme environnement regroupe une telle multitude de significations qu’il est difficile de l’aborder sous une unique facette. S’il désignait au début du siècle le milieu naturel pour les biologistes, il a profondément évolué, et ce depuis les années 50, période à partir de laquelle les sciences naturelles ont accepté le paradigme des sociétés dans la notion d’écosystème.
Cette double notion, l’une ancienne et scientifique et l’autre, récente et sociale, contribue à la complexité d’une analyse des formes que revêt le concept d’environnement dans nos sociétés occidentales.
— D’une part, parce que l’environnement en tant que science est confronté à la difficulté d’évaluer le statut de l’homme par rapport aux autres êtres vivants ainsi que sa part de responsabilité dans les fluctuations des écosystèmes.
— D’autre part, parce que ce concept d’environnement est appréhendé selon les représentations sociales des individus fortement dépendantes de leurs caractéristiques culturelles, sociales et géographiques.
On s’aperçoit donc que l’environnement est une notion polysémique et que les définitions de ce terme sont différentes selon le champ dans lequel il est étudié (sémantique, politique ou scientifique).
Point de vue sémantique
Lorsqu’on cherche la définition du mot « environnement », on constate que celui-ci est souvent associé dans la littérature au terme « écologie ». L’environnement, selon la définition du Conseil International de la Langue Française (1976), « désigne l’ensemble à un moment donné, des agents physiques, chimiques et biologiques, et des facteurs sociaux susceptibles d’avoir un effet direct ou indirect, immédiat ou à terme, sur les organismes vivants et les activités humaines ». De même, pour l’Encyclopaedia Universalis, le mot « environnement » pris au sens étymologique, désigne le mot « écologie » qui signifie « science des habitats » et concerne « dans le mode de vie des animaux, l’ensemble des relations qu’ils entretiennent avec le milieu dans lequel ils se trouvent » [1]. Cet ouvrage définit par ailleurs l’environnement selon six approches différentes (biologique, culturel, éthologique, technologique, socio-économique et sémantique), ce qui montre bien la multiplicité des facettes de cette notion [[Encyclopaedia Universalis, vol.8, France S.A., 1995, p.480-486.]].
Dans cet écosystème, l’homme a un rôle important dans la mesure où il agit sur son milieu et en même temps, il est dépendant des lois naturelles qui s’imposent à lui. Cette biosphère est qualifiée par conséquent d’anthroposphère, c’est-à-dire un écosystème où l’être humain est au centre des interactions.
Concernant l’aspect sémantique par exemple, le mot « environnement » est un terme qui, contrairement au mot « milieu », permet un droit de regard et sollicite ainsi des mobilisations lorsqu’il s’agit de défense et de protection de la nature. En fait, le terme « milieu » caractérise davantage l’écosystème ou la biosphère alors que le mot « environnement » concerne plus spécifiquement l’anthroposphère.
Point de vue politique
Dans la définition politique de l’environnement, Jean-Luc Mathieu par exemple, considère l’environnement (qui est un mot récent) comme « l’ensemble des éléments naturels et artificiels qui constituent le milieu vital des hommes, lequel conditionne, biologiquement et culturellement leur vie » [[MATHIEU Jean-Luc, La défense de l’environnement, Que Sais-je ? PUF, 1992]]. Pour l’auteur, il n’y a pas de définition exacte parce que c’est un concept qui englobe une multitude de questions et qu’il n’existe pas de « label déposé » de l’environnement. L’article 1er de la loi du 10 juillet 1976, relative à la protection de la nature, évoque plusieurs composantes de l’environnement : « la protection des espaces naturels et des paysages, la préservation des espèces animales et végétales, le maintien des équilibres biologiques auxquels ils participent et la protection des ressources naturelles contre toutes les causes de dégradation qui les menacent sont d’intérêt général. Il est le devoir de veiller à la sauvegarde du patrimoine naturel dans lequel il vit. Les activités publiques ou privées d’aménagement, d’équipement et de production doivent se conformer aux mêmes exigences. La réalisation de ces objectifs doit également assurer l’équilibre harmonieux de la population résidant dans les milieux urbains et ruraux« .
Point de vue scientifique
Enfin, dans le domaine des sciences de l’environnement, les recherches se situent à la convergence de plusieurs courants de préoccupations d’origines diverses où les scientifiques tentent de regrouper dans des catégories les différentes questions sur le milieu : les pluies acides, l’évolution du climat, l’épuisement des ressources naturelles, la diversité biologique, le patrimoine culturel, la faim et le sous-développement, les problèmes de santé liés à l’eau et à l’air, aux conditions de travail, à l’alimentation, au cadre de vie…
La majorité des questions se rapporte au bien-être de l’être humain, de la société et son devenir ; ce qui s’explique par le fait que les interrogations en sciences de l’environnement sont souvent liées à la demande sociale qui se traduit par des commandes institutionnelles et politiques auprès des chercheurs.
Environnement : un terme générique
Ainsi, le terme même d’environnement serait une unité qui regrouperait des contenus hétérogènes et il est donc difficile de le définir en terme d’objet puisqu’il apparaît comme un champ de problèmes et de questions. Le mot « environnement » requiert ainsi la nécessité de faire un inventaire des catégories de questions et de problèmes qui le définissent. Mais il faut partir de l’idée que la notion d’environnement doit être appréhendée comme une catégorie comme tant d’autres autour de laquelle se structure le social. Une même idée, catégorie ou valeur peut prendre plusieurs formes sociales, tout en restant identifiable comme entité spécifique. Ainsi, on peut regrouper des réalités apparemment fort éloignées les unes des autres à travers un terme générique comme celui d’environnement.