Total : où est passé le chapitre sur l’environnement ?

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Le nouveau film institutionnel du groupe Total est en rupture, nous dit-on, avec le traditionnel film d’entreprise. Animation léchée, musique sur mesure, « présentation factuelle et sérieuse avec un ton et un style qui ne le sont pas ». Mais le plus important n’est pas là. En effet, il manque une partie ! Regardez bien le film, où est donc passé le chapitre sur les risques et impacts environnementaux ?

« Découvrir Total » (Discovering Total). Tel est le nom donné au film d’animation institutionnel (de 6 minutes s’il vous plaît !), réalisé par le groupe Blue, que vient de dévoiler le groupe pétrolier. Ce qui m’intéresse, forcément, c’est le message…

Le premier chapitre, d’une durée de 35 secondes, est consacré aux chiffres clefs. Très vite le groupe nous invite à « regarder au-delà des chiffres » et le second chapitre commence (durée : 3 minutes). Il est structuré autour de trois informations majeures.

Première info : « La fin des hydrocarbures n’est ni pour demain ni pour après-demain ». Et oui, Total ne s’en cache pas, grâce à leur « technologie de pointe » et en allant « toujours plus profond » de nouveaux gisements sont découverts et exploités.

Deuxième info : avec ses multiples partenaires, Total développe « des hydrocarbures conventionnels et non-conventionnels », comprenez gaz de schistes, sables bitumeux… Vous savez, ces hydrocarbures dont l’exploitation est décriée par les environnementalistes et les populations locales.

Troisième info : « des centaines de produits sont issus des recherches [de Total] en chimie et en pétrochimie » comme les téléphones portables, les couches culottes, les lunettes, les vêtements, les raquettes de tennis… Bref, pourquoi et comment pourrait-on s’en passer ?

Le troisième chapitre (30 secondes) s’intitule « L’énergie de demain se prépare aujourd’hui ». On y apprend que Total construit et exploite « l’une des plus grandes centrales solaires au monde » aux Émirats arabes unis, conçoit « les panneaux photovoltaïques parmi les plus performants au monde » et conduit des recherches sur les biocarburants.

Viennent ensuite 35 secondes sur « Changer pour lutter contre le changement climatique ». Le stockage de CO2 a l’air tellement simple (un entonnoir à l’envers au dessus des cheminées d’usines et on enferme gentiment le CO2 dans une cage…) qu’on se demande pourquoi personne ne l’a fait avant !

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Enfin, la cinquième et dernière partie est relative aux engagements sociaux du groupe : « Le progrès ne vaut que si tout le monde le partage ». Ainsi, Total affirme privilégier « les emplois et les fournisseurs locaux », développer « des programmes économiques et sociaux », s’engager pour « l’éducation et la formation ».

La conclusion est la suivante : « Aujourd’hui, Total est plus qu’une simple compagnie pétrolière, c’est une « Energy company » », en Français dans le texte. J’adore ces concepts que nous ne sommes même pas capables de traduire dans notre propre langue.

Ce n’est pas possible, une partie du film a été coupée au montage ! Où est donc le chapitre consacré aux risques et impacts environnementaux de toutes ces activités, ainsi qu’aux mesures prises pour les prévenir ou les réparer ? Tout au long du film, nous pouvons voir une nature préservée, intacte, belle… À croire que ces activités s’intègrent sans dommage.

Je n’ai trouvé qu’une seule référence en lien avec cette thématique : une petite affiche titrée « Safety First » (à 2’30) sensée démontrer l’importance accordée à la sécurité au sein des usines. C’est ridiculement peu.

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Source : CB News du 31/01/2012

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