Le 2 mars 2006, le Ministère de l’Écologie et du Développement Durable et l’ADEME ont présenté à la presse le bilan 2005 de la campagne « Réduisons vite nos déchets, ça déborde ».
La campagne visait à alerter et responsabiliser les Français sur la situation actuelle, en leur donnant les moyens d’agir, facilement, au quotidien. Dans le cadre de la campagne, deux études ont été menées, avant et après la diffusion des spots télévisuels, pour mieux comprendre le niveau de sensibilisation des Français face à la réduction des déchets. Voici les principaux résultats de ces études (dont vous pouvez retrouver le détail dans le document joint à l’article).
Avant la campagne : l’état de l’opinion face à la prévention des déchets
Une connaissance imprécise des actions de réduction des déchets
L’étude menée en amont de la campagne montre que si 79% des Français ont déclaré connaître des gestes visant à réduire la quantité de déchets ménagers, 71% des Français ont cité des gestes environnementaux non liés à la réduction des déchets. 61% des personnes interrogées ont ainsi
mentionné le tri sélectif, qui bénéficie d’une grande visibilité depuis des années du fait de sa pratique quotidienne. Or, le tri est un geste essentiel pour la gestion des déchets ménagers, mais il n’entre pas dans le champ de la prévention.
Toutefois, en spontané, 48% des Français ont cité au moins un geste ou une action permettant de réduire la quantité de déchets. Les plus cités sont l’achat de produits sans emballage ou avec moins d’emballage (24%), le compostage des épluchures (13%) et l’abandon de l’utilisation des sacs plastiques (13%).
Les gestes que les Français disent déjà pratiquer
Selon le baromètre Louis Harris, 72% des Français ont déclaré utiliser des sacs réutilisables pour faire leurs courses, et 51% utilisent les sacs de caisse gratuits.
Il apparaît également que les achats responsables les plus facilement pratiqués par les Français portent sur la réduction des emballages, à l’image des gestes suivants :
- l’achat des produits nettoyants liquides à la place de lingettes
- l’achat de grands conditionnements de gâteaux à la place de portions individuelles
- l’achat d’écorecharges pour les assouplissants au lieu de bidons de grande taille
Quand on demande aux Français ce qui les freinent dans leurs achats dits “écoresponsables”, ils citent en premier lieu le manque de réflexe, puis l’aspect trop contraignant du geste, son coût et enfin le manque de connaissance des gestes adaptés. Ces freins semblent pouvoir être levés grâce à un travail continu d’information et de pédagogie sur les avantages à court et moyen terme des achats « écoresponsables ».
En amont de la campagne, les Français connaissaient donc la thématique de la réduction des déchets mais leur perception de la prévention et des gestes adéquats restait relativement imprécise.
Après la campagne : l’évolution des comportements
Les Français très préoccupés par la protection de l’environnement
L’étude post-test réalisée par l’Ifop montre que 90% des Français se déclarent très inquiets et très préoccupés de la protection de l’environnement. Leur connaissance à propos de la réduction des déchets ménagers a augmenté, puisqu’ils sont désormais 88% à avoir entendu parler des gestes pour la réduction des déchets ménagers.
Il apparaît que les Français identifient mieux la prévention des déchets. Parmi ceux qui ont entendu parler des gestes de réduction des déchets, seuls 32% citent encore le tri sélectif.
Les gestes les plus adoptés
Les Français ont une meilleure connaissance des actions de prévention et semblent davantage les mettre en pratique. Les consommateurs se disent plus vigilants dans leurs achats et se montrent particulièrement attentifs aux emballages. Ceux-ci sont en effet présents dans 3 des 5 gestes spontanément les plus cités : privilégier les produits avec moins d’emballage (25%), privilégier les produits conditionnés dans des emballages écologiques ou recyclables (17%) et privilégier les produits à la coupe (16%). De plus, 78% des interviewés achètent plus de recharges pour éviter de jeter trop d’emballages et 72% déclarent désormais choisir systématiquement des produits avec moins d’emballages.
Par ailleurs, 80% des personnes interrogées sont favorables à la suppression des sacs en plastique ; 26% des Français citent le fait de ne pas les utiliser en seconde position des gestes anti-déchets. Enfin, les Français restent aussi très vigilants à la durée de vie des produits, ils sont 83% à privilégier des produits à durée de vie plus longue.
Des résultats contrastés suivant les régions, la catégorie socio
professionnelle et l’âge.
Différences géographiques
Il existe un clivage entre « ruraux » et « urbains » en matière de prévention des déchets puisque 93% des interviewés habitant dans une commune rurale ont entendu parler de gestes ou d’actions permettant de réduire les déchets ménagers, contre 19%
des habitants de l’est du bassin parisien. Les « ruraux » pratiquent aussi davantage le tri sélectif (67% versus 53%).
Mais la différence la plus nette se situe au niveau de la suppression des sacs en plastique : 58% des « ruraux » y sont favorables, contre 32% des « urbains ».
Différences socio professionnelles et générationnelles
Si 98% des professions libérales et cadres supérieurs et 95% des diplômés de l’enseignement supérieur ont entendu parler des gestes, seuls 21% des ouvriers sont dans ce cas.
Les seniors sont plus sensibles que les jeunes générations à la réduction des déchets. De fait, 93% des 50-64 ans et 96% des 65 ans et plus ont entendu parler des gestes, contre 36% des 15-34 ans (16% seulement des 25-34). Les 15-24 ans sont plus nombreux à se souvenir du film que les autres tranches d’âge notamment en raison de leur forte consommation de télévision et à l’attention particulière qu’ils portent aux publicités.
Poursuivre la sensibilisation des Français ?
Le rapprochement de ces deux études montre qu’à l’issue de la première phase de cette campagne, la notion de prévention des déchets ménagers semble mieux comprise par les Français, qui connaissent aussi mieux les gestes efficaces en la matière.
Cette campagne a donc correctement contribué à sensibiliser les Français à cette problématique : 69% des personnes interrogées considèrent que la campagne les incite à essayer de réduire leurs déchets. Un score encore plus important auprès des titulaires d’un bac+2, des maîtresses de maison, des 50-64 ans et de ceux qui se souviennent spontanément de la campagne (76%). Les hommes en revanche se sentent moins incités.
Les freins à la pratique de certains gestes de prévention des déchets s’estomperont grâce à un effort de communication et d’information autour des bénéfices consommateurs à court et à long terme. De façon générale, de réels besoins d’informations ont été exprimés : 93% des Français sont intéressés pour en savoir plus sur les gestes quotidiens permettant de réduire les déchets ménagers, dont 46% très intéressés.
Documents joints
« Réduisons vite nos déchets, ça déborde » : bilan 2005 et actions 2006 (PDF – 716.3 ko)